jeudi 2 février 2012

Les changements intervenus sur les moyens de gestion du système éducatif du Burkina Faso de 1900 à 2010

BATIANA Yoma

MASTER 2 EN GESTION DES SYSTEMES EDUCATIFS de l'Université Senghor d'Alexandrie


 

RAPPORT SUR LES CHANGEMENTS SUR LES MOYENS DE GESTION DU SYSTEME EDUCATIF BURKINABE


 

INTRODUCTION

Depuis la fin de la période coloniale, différentes critiques ont montré qu'il fallait revoir le éducatif en raison de ses nombreux dysfonctionnements. Le Burkina Faso à l'instar de la plupart des pays du monde, s'est engagé à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dont l'échéance est 2015. A cet effet, le pays a défini des secteurs prioritaires dont l'éducation, avec la ferme volonté de réaliser l'Education Pour Tous (EPT) en 2015.

I-L'ECOLE COLONIALE

L'école coloniale au Burkina Faso (ancienne Haute Volta) a d'abord été l'œuvre des missionnaires catholiques. En 1900-1902, l'église ouvre deux écoles primaires en Haute Volta. En 1906, c'est l'administration coloniale française elle-même qui ouvre ses écoles. La circulaire du Gouverneur Général, E. Chaudié, relative au fonctionnement des écoles des pays de protectorat, du 22 juin 1897, dit : « l'école est, en effet, le moyen d'action le plus sûr qu'une mission civilisatrice ait d'acquérir à ses idées les populations encore primitives et de les élever graduellement jusqu'à elle. L'école en un mot est l'élément de progrès par excellence. C'est aussi l'élément de propagande de la cause et de la langue française le plus certain dont le gouvernement puisse disposer. Ce ne sont pas, en effet, les vieillards imbus de préjugés anciens, ce ne sont même pas les hommes faits, pliés déjà à d'autres coutumes, que nous pouvons espérer convertir à nos principes de morale, à nos règles de droit, à nos usages nationaux. Pour accomplir avec succès cette œuvre de transformation, c'est aux jeunes qu'il faut s'adresser, c'est l'esprit de la jeunesse qu'il faut pénétrer et c'est par l'école, l'école seule que nous y arriverons », in Turcotte D 1983 « Lois, règlements et textes administratifs sur l'usage des langues en Afrique Occidentale française (1826-1959) » . Le contenu de ce qui précède est assez illustratif des fondements de l'école et de son mode de gestion axée sur la domination dans les anciennes colonies françaises

II-UNE ECOLE NEO-COLONIALE

Au sortir de la période coloniale, le Burkina Faso (ancienne Haute Volta) accède à la souveraineté nationale en 1960 avec un taux de scolarisation de 6%. Entre 1960 et 2006, l'effort est principalement quantitatif et à permis d'atteindre 57% de taux de scolarisation. Au plan qualitatif, quarante six ans d'études critiques, d'analyses, de réformes et surtout d'expériences multiples de terrain capitalisées et valorisées (1961, 1978, 1979,1984) sans aboutir à une école nouvelle conçue par et pour le Burkina Faso


 

A)- ANALYSES ET REFORMES DU SYSTEME EDUCATIF

Depuis le diagnostic du dossier initial de la réforme de l'éducation (1974), toutes les études qui ont suivi (Etats généraux de l'éducation en 1994, Assises Nationales de l'Education en 2002) ont abouti aux mêmes conclusions.

Une récente étude sur l'évaluation du programme éducation bilingue au Burkina Faso, commanditée par le Ministère de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (MEBA) avec l'appui de l'œuvre Suisse d'Entraide Ouvrière (OSEO : 2006), fait la synthèse des principales conclusions à propos des problèmes qui minent le système éducatif Burkinabè


 

  1. Diagnostic du dossier initial de la réforme de l'éducation (1974)

Elaboré en 1974 par le Ministère de l'Education Nationale et de la Culture, le dossier fait une analyse critique de la situation de l'éducation dans le contexte voltaïque d'alors sous aspects géographiques, historiques, démocratiques, économiques et sociaux. Pour l'essentiel on peut retenir que le système éducatif ne scolarise pas le plus grand nombre d'enfants ; car, il est élitiste. Les abandons et les redoublements sont nombreux « 34% des garçons et 42% des filles retombent dans l'analphabétisme de retour, pour 1000 entrées au CP1, seulement 17 élèves seront titulaires du baccalauréat, 13 années plus tard » (p.37)

Par ailleurs, le système ne prend pas en compte les réalités nationales car ses programmes ne sont pas élaborés en fonction des problèmes concrets de la vie sociale nationale (production, désaliénation culturelle, unité nationale etc.) et les langues nationales en sont exclues.


 

  1. Diagnostic des Etats Généraux de l'Eduction (septembre 1994)

Organisés du 5 au 10 septembre 1994, à Ouagadougou, les Etats Généraux de l'Education (EGE) ont débattu du thème «  un consensus national pour une éducation efficiente ». Les travaux ont fait le diagnostic du système éducatif burkinabé, en faisant ressortir les efforts déployés par les acteurs et bénéficiaires du système, ainsi que les contraintes multiples, les insuffisances quantitatives et qualitatives qui réduisent son efficacité interne et externe

Au titre des efforts, il a été relevé l'accélération sensible du taux brut de scolarisation qui est passé de 16% en 1983 à 31,8% en 1994, une volonté politique affirmée en faveur de l'éducation, un meilleur engagement des populations et une aide bilatérale et multilatérale en faveur de l'éducation.

Au titre des contraintes, il a été constaté la forte demande en éducation due notamment à l'accroissement démographique élevé (3,6% par an ) ; l'importance du nombre des moins de 15 ans qui représente plus de 50% de la population totale du pays, le taux de déperdition scolaire élevé, et une médiocrité de l'efficacité externe de l'éducation qui se traduit par le découragement des populations et par le phénomène de la déscolarisation par endroits.

  1. Diagnostic des Assises Nationales sur l'Education (avril 2002)

Des Assises Nationales sur l'Education organisées par le Gouvernement ont fait l'état des lieux de l'éducation dans les domaines de l'accès, des infrastructures, du financement, de l'efficacité du personnel, de la formation professionnelle et de la sécurité dans les domaines scolaires et universitaires. Elles concluent en :

  1. en l'existence de goulots d'étranglement dans l'enseignement primaire avec des disparités entre provinces, zones, garçons et filles.
  2. Une forte croissance des effectifs du primaire entrainant une forte demande d'éducation au niveau du secondaire qui affecte négativement le taux de transition du primaire au secondaire (39,7%) ;
  3. Une très forte demande au niveau de l'enseignement technique et de la formation professionnelle ;
  4. l'inadaptation des contenus et des programmes
  5. des taux élevés de redoublement et de déperdition du primaire, l'insuffisance des moyens didactiques et logistiques


 

B)
Mode de régulation "traditionnel" du système éducatif burkinabè : entre instabilité politique et forte centralisation

Depuis les indépendances le mode gestion du système éducatif burkinabè était fortement centralisé et bureaucratique:

-de 1960 à 1993 les établissements scolaires du second degré (secondaire) étaient directement reliés au Ministère en charge de l'éducation par l'intermédiaire d'une Direction du Second Degré distincte de la Direction du Premier Degré qui avait en charge les questions éducatives du primaire.

Cette période a été marquée au plan politique par les régimes d'exception qui se sont succédé à la tête du pays à la suite de coups d'état militaire. On note successivement le coup d'état militaire de 1966 qui a porté au pouvoir le Général SANGOULE Lamizana de 1966 à 1980 avec entre parenthèse la 2ème et la 3ème république ; le coup d'état militaire du Comité Militaire pour le Redressement National (CMRPN) qui a porté au pouvoir le Colonel SAYE Zerbo de 1980 à 1982 ; le coup d'état militaire du Conseil du Salut du Peuple 1 et 2 (CSP 1 et 2) qui ont porté au pouvoir le Médecin Commandant Jean Baptiste OUEDRAOGO de 1982 à 1983 ; le coup d'état militaire du Conseil National pour la Révolution qui a porté au pouvoir le Capitaine Thomas SANKARA et la révolution populaire et démocratique de 1983 à 1987 et enfin l'avènement de la Rectification de la révolution qui a porté au pouvoir le Capitaine Blaise COMPAORE de 1987 à 1991.

Pendant ces périodes d'état d'exception les différents ténors des ces systèmes politiques ont gardé un œil sur les systèmes éducatifs fortement politisés pour en assurer le contrôle et avoir une main mise sur la sphère intellectuelle.


 

C) La période démocratique et les changements sur les moyens de gestion du système


 

1) L'administration du système

A partir de 1991 le Burkina Faso se dote d'une nouvelle constitution instaurant de ce fait le multipartisme et la 4ème république qui survit jusqu'à nos jours. Dès lors une nouvelle forme d'organisation du pouvoir fait son apparition avec une déconcentration plus poussée de l'administration scolaire à travers la nomination de Directeurs régionaux au niveau du secondaire en 1993 (cf. Arrêté No 93-34/ESSRS/CAB du 02 mars 1993, portant découpage, organisation et fonctionnement des Directions Régionales de l'Enseignement Secondaire).

La première vague de Directeurs régionaux étaient des professeurs anciens proviseurs des plus grands lycées de provinces. Au primaire le système adhère au découpage du territoire en provinces à travers les Directions provinciales de l'Enseignement de Base et de l'Alphabétisation (DPEBA) dirigées par des inspecteurs du primaire et les circonscriptions d'enseignement primaire. A partir de 199 les directions régionales font aussi leur apparition au niveau du primaire.

Les chefs d'établissements au secondaire sont nommés par arrêté du Ministre à partir d'une liste d'aptitude aux fonctions de chefs d'établissements (L.A.F.C.E) établie sur la base des demandes des intéressés et répondant à des critères d'ancienneté et d'aptitude professionnelle. Elle est réactualisée chaque année. Jusqu'à présent cette condition est toujours en vigueur mais son application est un échec puisque les enseignants ne se sont jamais bousculés pour s'inscrire et la procédure la plus éprouvée pour les nominations demeure les cooptations.

Un décret pris en conseil des ministres sur proposition du Ministre des Enseignements Secondaire Supérieur et de la Recherche Scientifique règlemente les fonctions de Chefs d'établissements et autres responsables dans les établissements d'enseignement secondaire générale et technique depuis le 24 mai 1995 (Décret No 95-193MESSRS/MEFP/MFPMA). Il fixe les attributions du chef d'établissement et les autres personnels placés sous son autorité, les conditions de nomination, d'avancement et de rémunération.

Au primaire les directions d'écoles se professionnalisent de plus en plus avec le recrutement sur concours professionnel suivi d'une formation de 2 ans à l'ENS-K pour sortir comme instituteurs principaux chargés de diriger les écoles primaires.


 

2) Le fonctionnement des établissements secondaires

Le fonctionnement des établissements secondaires est régi par l'arrêté 91-191/MESSRS/SEE/FP/SG/DESG/DEST du 19 décembre 1991 qui stipule en son article 1 que tout établissement dispensant un enseignement général ou technique du second degré (lycées, collèges) est pourvu des conseils suivants :

  • Un conseil d'établissement ou conseil intérieur qui traite du régime pédagogique, les créations de chaires et de cours, l'organisation des études, l'aménagement de la vie scolaire en vue de l'éducation morale et civique, la gestion matérielle et financière, le rayonnement de l'établissement à l'extérieur. Il est placé sous l'autorité du chef d'établissement et réuni outre l'administration les représentants des élèves, des parents d'élèves et des organisations syndicales des enseignants;
  • Des conseils de classe qui examine les résultats scolaires des élèves, coordonne les divers enseignements et traite des problèmes spécifiques de la classe. Il est placé sous l'autorité du chef d'établissement avec l'administration et les professeurs titulaires de la classe ;
  • Des conseils d'enseignement qui se réunissent en début d'année scolaire pour choisir les livres et les matériels d'enseignement, examiner les types généraux d'exercices à proposer, les questions de vocabulaire et de nomenclature, étudier les moyens d'assure une coordination des enseignements dans les classes parallèles et les classes successives, organiser le travail par discipline, fixer les modalités du système de notation. Le conseil d'enseignement réunit les enseignants d'une même discipline sous l'autorité du chef d'établissement et de l'administration ;
  • Un conseil de discipline  statue sur des cas d'indisciplines des élèves et ^propose les sanctions à prendre à leur encontre leur;
  • Un conseil de professeur se réunit en début et fin d'année scolaire pour faire le bilan de l'année scolaire ;
  • Un conseil de perfectionnement pour l'enseignement technique régi par la décision AN VII-256/FP/MESSRS/SG/DEST du 16 aout 1994 portant institution d'un conseil de perfectionnement auprès des établissements secondaires de l'enseignement technique


 

  1. Le financement de l'éducation


 

L'Etat demeure le principal bailleur de fonds pour financer l'éducation mais paradoxalement à partir de l'avènement de la révolution le mode de financement de l'éducation commence à changer avec les contributions des populations bénéficiaires et des parents d'élèves tant dans la construction des infrastructures, des équipements que des menus dépenses scolaires appelées « fonctionnement ». Ainsi donc les comités de gestion font leur apparition parmi les instances de fonctionnement des écoles et des établissements. Ils ont pour missions essentielles de veiller à la bonne à la bonne organisation générale, administrative, pédagogique et financière des établissements d'enseignement publics et privés (art.2 de l'arrêté No 91-132/MEBAM/MESSRS/MAT/MFP du 03 octobre 1991 portant création de comité de gestion). De manière précise ils sont chargés :

« -de l'adoption et du contrôle du budget prévisionnel annuel ;

-de la fixation des taux annuels de la scolarité et des autres formes de contributions financières ;

-du recrutement des élèves et de l'organisation de leur vie dans les établissements ;

-du suivi et du contrôle de la gestion des ressources humaines, financières et matérielles de l'établissement »

Le budget de l'établissement est constitué par (art.3 de l'arrêté No 91-132/MEBAM/MESSRS/MAT/MFP du 03 octobre 1991 portant création de comité de gestion) : « -des subventions de l'Etat et de ses démembrements ;

-des contributions des élèves, des parents d'élèves et de l'association des parents d'élèves,

-des dons et legs ;

-de recettes des activités productives ou lucratives organisées par le comité de gestion »

Il était dirigé par le président de l'association des parents d'élèves dans les écoles primaires publics et le directeur d'école était un simple membre. Dans les écoles primaires privés le fondateur était le président du comité et le président de l'association des parents d'élèves était le vice-président. Dans les établissements d'enseignement secondaire publics le chef d'établissement était le président et le président de l'association des parents d'élèves le vice-président. La trésorerie revenait de droit au trésorier du bureau de l'association des parents d'élèves organe de direction des parents constitués en assemblée générale dans les écoles primaires. Dans les établissements d'enseignement secondaire publics, l'intendant ou l'économe est le trésorier du comité.

Pour financer ses activités le comité de gestion prélève une cotisation appelée « frais de participation ». Les frais de participation ont été pendant quelques années disparates en termes de taux sur l'ensemble du territoire mais en 1994 l'arrêté No 005/MESSRS/SG fixe les frais d'inscription dans les établissements secondaires publics. Depuis ce texte a été revu par 3 fois. Ces frais sont payés par une catégorie d'élèves dits non boursiers. Les frais d'inscription des élèves boursiers étaient pris en charge par l'Etat qui contribuait dans leurs établissements en fournitures de bureaux. Dans le temps et ce jusqu'à nos jours l'Etat centrale exigeait qu'on lui reverse 30¨% (25% depuis 1997) des sommes collectées pour financer les missions de contrôle de l'inspection générale, des directions régionales et constituer un Fonds National de l'Education et de la Recherche. Aujourd'hui ce fonds sert à octroyer des formes de prêts financiers aux étudiants dans le besoin pour poursuivre leurs études. Ces sommes prêtées sont immédiatement remboursées dès l'entrée en fonction de l'étudiant.

5) Le recrutement, la formation et le déploiement du personnel

Le 16 mai 1990, le Kiti (décret) No AN VII-0299/FP/TRAV/MF/MESSRS est signé par le Capitaine Blaise COMPAORE reconnaissant un statut particulier des personnels de l'Enseignement secondaire général et technique qui comprend 7 corps :

  1. Corps des professeurs de CEG
  2. Corps des professeurs des collèges d'enseignement technique (CET)
  3. Corps des professeurs de CEG certifiés
  4. Corps des professeurs des collèges et lycées professionnels
  5. Corps des professeurs des lycées et collèges
  6. Corps des professeurs techniques
  7. Corps des professeurs certifiés de l'enseignement secondaire général et technique

Le décret définit les charges professionnelles liées à chaque corps, les conditions d'accès, de promotion et de rémunération du corps ainsi que les passerelles entre corps . Dans l'ensemble on peut retenir que les enseignants sont recrutés par l'état en fonction de ses besoins et de ses capacités budgétaires. Les enseignants recrutés pour servir partout sur l'ensemble du territoire national après leur formation à l'Institut des Sciences de l'Education (INSE) transféré à KOUDOUGOU en 1994 sont affectés par une commission nationale règlementée par l'arrêté No 94-004/MESSRS/CAB du 28 JUILLET 1994. La même commission est dupliquée au niveau de chaque région avec le Haut Commissaire du siège de la région comme président. Les chefs d'établissements choisis et les délégués syndicaux en sont membres.


6) Le recrutement des élèves et la régulation des effectifs

L'un des maux mis en exergue par les analystes du système éducatif est la pléthore des effectifs et les goulots d'étranglements. Il s'avérait donc nécessaire de règlementer les effectifs dans les classes par l'arrêté No 007MESSRS/SG du 16 aout 1994 portant fixation des effectifs dans les classes. Dans l'Enseignement Secondaire Général le nombre d'élèves est plafonné à 70 par classe au premier cycle et 60 au second cycle. Cet arrêté est toujours en vigueur malgré l'aggravation de la situation.

Dans les classes se côtoient deux profils d'élèves :

- des élèves dits boursiers et admis au concours national pour l'Entrée en sixième et l'entrée en classe de seconde des lycées et collèges. Dans un premier temps, la prise en charge de la scolarité de ces enfants issus de milieux défavorisés mais ayant des capacités intellectuelles éprouvées relevait de l'Etat. Un pécule mensuel de 8000FCFA (soit 12,30 Euros) leur étaient alloués et sont renouvellement était conditionné par le succès scolaire dans le cycle d'inscription. Par la suite avec les conditions draconiennes des programmes d'ajustement structurel imposés par la Banque Mondiale et le FMI la bourse a été purement et simplement supprimée après avoir usé de subterfuges pour en rendre le genre féminin uniquement bénéficiaire. Aujourd'hui cette catégorie a purement et simplement disparu. Quelques cas de parrainages d'élèves des collectivités du Nord (France) existent dans des situations sélectives. Mais les élèves admis aux concours nationaux d'entrée en sixième et en seconde continuent de bénéficier de traitement de faveur de la part de l'Etat qui les dispense des droits d'inscription mais pas des cotisations des parents d'élèves.

- des élèves recrutés pour complément d'effectif. C'est cette catégorie d'élèves qui paie les frais d'inscription qui contribuent au fonctionnement de l'établissement d'enseignement secondaire public et finance le Fonds National pour l'Education et la Recherche (FONER) et prend en charge les frais de missions de contrôle et d'inspection de l'administration centrale du ministère et déconcentrée des Directions régionales. Ces élèves sont recrutés pour compléments d'effectifs par une commission interne dans les établissements après l'affectation des ceux qui sont admis à l'Entrée en sixième et à l'entrée en classe de seconde des lycées et collèges. Le chef d'établissement est le président de la commission qui a été élargie récemment aux représentants des enseignants et des parents d'élèves


 

7) Les réformes pédagogiques et des examens de certification

A partir des années 90 les méthodes pédagogiques subissent également des réformes. On passe des méthodes passives aux méthodes actives d'enseignement. En effet une plus grande attention est portée à la motivation des élèves les contenus des apprentissages, les matériels didactiques et interactions élèves-professeurs. De même les contenus des apprentissages sont séquencés et programmés selon une progression par objectifs (APO : approche par objectif). Parallèlement les examens de certification scolaire subissent également des réformes pour une logique de congruence avec les objectifs pédagogiques enseignés. L'exemple le plus illustratif est le décret No 95-128/PRES/PM/MESSRS du 04 avril 1995 portant organisation des épreuves du baccalauréat du second degré. Cette réforme a durée de 95 à 2006 où une autre réforme du baccalauréat l'a remplacé par décret No 2006-654/PRES/PM/MFPRE/MFB/MESSRS du 11 septembre 2006 parce que le précédent était jugé trop élitiste.


 

8) La réforme en cours et la politique de décentralisation

Depuis 2007 un nouveau système est entrain de se mettre en place avec l'adoption d'une nouvelle loi d'orientation de l'éducation No 013-2007 du 30 juillet 2007. Selon la lettre de politique éducative qui le met en application. « Le développement du système éducatif à l'horizon de l'année 2015 repose sur les principes suivants :

  1. L'Etat et les collectivités territoriales, le secteur privé et les autres partenaires de l'éducation développent et rendent progressivement accessible à tous, l'éducation de la petite enfance au profit des enfants de 0 à 6 ans, l'enseignement de base formel au profit des enfants de six à seize ans, l'éducation non formelle essentiellement au profit des jeunes et des adultes non scolarisés ou précocement déscolarisés, l'éducation spécialisée au profit des personnes atteintes d'un handicap physique ou mental ou ayant des difficultés d'adaptation personnelle et d'intégration sociale, l'enseignement secondaire et la formation professionnelle au profit des sortants de l'éducation de base. L'enseignement supérieur accueille les titulaires de diplômes ou titre de capacité de fin d'études de l'enseignement secondaire et est ouvert à égalité de conditions à tous les citoyens à même de s'inscrire dans cet ordre d'enseignement dans le respect des textes en vigueur ;
  2. L'enseignement de base obligatoire pour les enfants de six à seize ans ;
  3. La gratuité de l'enseignement de base public ;
  4. L'élargissement de la couverture d'éducation de base en vue de l'éducation universelle tout en améliorant la qualité ;
  5. Le développement du système éducatif afin de satisfaire la demande en main d'œuvre qualifiée et que les sortants du système éducatif répondent en qualité et quantité aux besoins de l'économie ;
  6. Le développement des compétences par cycle en lien avec l'évolution socio économique du Burkina à travers des curricula rénovés et mis en cohérence sur l'ensemble des ordres d'enseignement et de formation ;
  7. L'effectivité des cycles terminaux et des passerelles ;
  8. La valorisation des langues nationales et leur introduction dans les nouveaux curricula ;
  9. L'amélioration de l'encadrement juridique du système d'éducation et de formation ;
  10. La transversalité de l'enseignement et la formation techniques et professionnels ;
  11. La réforme des curricula fondée sur l'approche par les compétences et l'introduction des thèmes émergents dans les programmes du système éducatif : Education environnementale, Education en matière de population, Education civique, IST/VIH/SIDA, TIC, art et culture, etc. ;
  12. La mobilisation optimale des ressources internes et externes au profit du système ;
  13. La bonne gouvernance dans le pilotage et la gestion des ressources


 

CONCLUSION

L'une des grandes options du nouveau système éducatif est d'appliquer progressivement la mise en œuvre du processus de décentralisation en assurant de manière efficace le transfert des compétences et des moyens aux collectivités territoriales (communes et régions). Récemment un décret vient d'être pris en conseil des ministres transférant l'enseignement de base aux communes.


 


 

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